Quand Guillaume Meurice raconte le méga-projet pétrolier de Total en Ouganda et en Tanzanie
Mémoire Vive et les Amis de la Terre se sont associés pour développer une carte-enquête interactive permettant de plonger dans l’évolution du double projet EACOP et Tilenga. Les enquêtes inédites font de cette carte un véritable outil de veille citoyenne pour faire grossir les rangs de la lutte contre les projets dévastateurs de Total.
Un travail d’enquête inédit, à partir d’images satellites et d’investigations
Mémoire Vive, collectif qui s’était intéressé aux émissions de CO2 liées aux trajets de Bernard Arnault en jet privé (voir le compte instagram dédié), a réalisé, en collaboration avec les Amis de la Terre, une carte-enquête interactive visant à montrer l’évolution des travaux en temps réel et à rendre compte des impacts des projets EACOP et Tilenga opérés par Total en Ouganda et en Tanzanie (inondations, expropriation des communautés, effondrement de la biodiversité, mise en danger d’aires naturelles protégées…).
En suivant les travaux par images satellites et avec l’aide de photos et vidéos, la carte dévoile au grand jour les violations des droits humains et les dommages environnementaux engendrés par ce méga-projet pétrolier. Entre autres :
- elle permet de remonter dans le temps via des images satellites prises à différentes dates, et voir ainsi par exemple l’évolution des travaux pour la construction du port pétrolier à Tanga en Tanzanie, dans une zone abritant des aires marines protégées, et qui est soumise à des risques de cyclones et de tsunamis (cliquer sur « port pétrolier à Tanga » dans la légende). Ces timelaps sont visibles en cliquant sur les petites montres présentes sur la carte ;
- elle fournit des explications sur les impacts sur certaines des 500 espèces d’animaux menacées par le forage de plus de 400 puits pétroliers ;
- elle met en avant des témoignages filmés de personnes affectées.
Plus encore, en cliquant sur « Investigations », les internautes sont invité·es à plonger dans des enquêtes exclusives racontées par Guillaume Meurice, afin de visualiser les différents risques et impacts du projet, notamment :
- les inondations causées directement par les travaux de construction d’une usine de traitement du pétrole, affectant fortement les terres agricoles ;
- la répartition géographique des 118 000 personnes expropriées (totalement ou partiellement) pour faire place à ce projet dévastateur ; les images satellites confirment que les paysan·nes affecté·es ont du arrêter de cultiver leurs terres bien avant que que Total ne leur verse une compensation ;
- les risques environnementaux liés aux puits pétroliers dans l’aire protégée des Murchison Falls ou dans des zones inondables.
Un cauchemar nommé Total
Un outil de veille citoyenne en parallèle à d’autres leviers d’action
Pour lutter, il faut comprendre !
Cette carte a été développée parallèlement à une mobilisation citoyenne grandissante aux quatre coins du monde, pour empêcher la concrétisation de EACOP et Tilenga. Pensée comme un outil de veille citoyenne, elle informe et documente les atteintes à l’environnement et aux droits humains liées à ce méga-projet à contre-courant de la transition énergétique.
Notre mobilisation contre ce projet continue également au tribunal ! Ainsi, en juin dernier, nous avons lancé une action en justice avec 26 personnes affectées par le projet, ainsi que le défenseur des droits humains Maxwell Atuhura et quatre associations ougandaises et françaises (AFIEGO, NAPE/Amis de la Terre Ouganda, Survie et TASHA Research Institute). L’objectif de ce recours est d’obtenir justice et que les personnes affectées perçoivent des réparations pour les violations des droits humains commises par Total.
Inédit : les communautés ougandaises attaquent Total en justice
D’où viennent les données de la carte ?
Les plans des puits Tilenga et de l’oléoduc EACOP proviennent de documents publics de Total. La cartographie a été complétée et réajustée à l’aide d’images satellites, permettant de suivre précisément l’évolution du projet. Les données relatives aux expropriations sont issues des satellites Sentinel, qui permettent de dater approximativement l’arrêt de la culture des terres situées dans la zone de l’usine de traitement du pétrole. Ces images ont été complétées avec des images de satellites commerciaux, dont les clichés, plus précis, permettent de voir l’évolution des cultures à l’échelle de chaque parcelle. Quant aux inondations, les images satellites sont des données d’imagerie spatiale issues du projet Sentinel de l’Agence spatiale européenne, ainsi que du projet Landsat de la NASA. La création d’indicateurs d’inondations permet de cartographier l’ensemble des zones inondées visibles sur les images satellites depuis 2006, à la fois en raison des précipitations et de la montée des eaux du lac Albert.
