Nomination de Perenco aux Prix Pinocchio 2014
La multinationale française Perenco est nominée aux Prix Pinocchio 2014, dans la catégorie "Mains sales poches pleines", pour son opacité et ses projets pétroliers en République Démocratique du Congo.
Retrouvez ici le texte de nomination, nos échanges avec l’entreprise, ainsi que le lien direct pour voter pour ce cas sur le site des Prix Pinocchio.
Naturellement, Les Amis de la Terre France informent les entreprises de leur nomination avant que celle-ci soit rendue publique. Un des objectifs de ces prix est de faire réagir les entreprises autour des enjeux soulevés. Par souci de transparence, nous publions les échanges avec les entreprises.
Pour l’instant, nous n’avons reçu aucune réaction de Perenco suite à leur nomination.
Perenco invente le pétrole low cost « made in Bahamas »
Quand exploitation pétrolière en République démocratique du Congo (RDC) rime avec pillage des ressources, opacité financière, dégâts environnementaux et répression de la contestation des communautés locales.
Après une trentaine d’année d’exploitation de son sous-sol, la ville de Muanda, dans le Bas-Congo, mérite le titre de « cité pétrolière la plus pauvre au monde » que lui donnent ses habitants. Elle est effectivement un véritable symbole de la malédiction des ressources : près de 95 % de la population active au chômage, faible accès à l’eau potable et à l’électricité, absence de voiries. Une réalité à mille lieues de celle présentée dans la page Muanda de Wikipédia qui vante l’action de Perenco dans la région.1
Perenco s’implante dans la zone au début des années 2000, quand Chevron lui cède ses activités. Reprendre et exploiter des champs matures aux installations souvent vétustes, dont les majors ne veulent plus, est la spécialité de ce groupe franco-britannico-bahamien, propriété de la famille Perrodo, treizième fortune de France.
Non cotée en bourse (et donc exempte de toute obligation de transparence), fortement implantée aux Bahamas, un paradis fiscal notoire, Perenco est une société particulièrement opaque. Le secret qui entoure les comptes et leur structuration constitue un obstacle majeur qui rend complexe toute mise en cause juridique de la responsabilité de Perenco et de ses filiales.
Au Guatemala, au Pérou ou en Colombie, on ne peut en revanche pas passer à côté des dégâts environnementaux et sociaux occasionnés par ses activités !
En RDC, en dépit d’une obligation légale, Perenco est la seule entreprise extractive dont le contrat n’a pas été rendu public. On ne connaît même pas avec certitude le volume de production Perenco
À Muanda, les emplois générés par Perenco sont précaires et mal rémunérés, avec un recours important à la sous-traitance. Les accidents sont récurrents et les contestataires (riverains ou grévistes) sont victimes de représailles. Les fuites de pétrole brut et les émissions de gaz par les torchères situées à proximité des habitations, les rejets d’effluents et les pratiques de stockage et d’enfouissement contaminent l’environnement et portent atteinte aux seuls moyens de subsistance des populations : la pêche et l’agriculture, sans aucune indemnisation pour les pertes subies. 2
Voir aussi le site internet de Perenco, où l’entreprise met en avant son action en matière de micro-crédit, de rénovation d’écoles ou de soutien à des dispensaires
Rapport de terrain du CCFD-Terre Solidaire, novembre 2013
Rapport d’enquête de la Coordination Nationale du Réseau des Ressources Naturelles (en RDC) et de l’International Peace Information Service (IPIS), juillet 2009
Rapport d’expertise réalisé à la demande de la Commission d’Enquête du Sénat de la RDC