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Climat-ÉnergieFinance
19 novembre 2024

Nouvelle politique pétrole et gaz : Crédit Agricole refuse toujours de regarder la science en face

Crédit Agricole vient de publier la mise à jour de sa politique sectorielle sur les pétrole et gaz. Mais en pleine COP29 et alors que les impacts des dérèglements climatiques font des victimes de plus en plus nombreuses aux quatre coins du monde, le compte n’y est toujours pas. Décryptage.

Crédit Agricole annonce en introduction la couleur

Que fait la banque en tout premier point 1 ? Elle justifie que de nouveaux investissements dans les hydrocarbures vont avoir lieu dans les prochaines années. Crédit Agricole persiste à écarter les principales conclusions et appels répétés de la communauté scientifique comme de l’Agence internationale de l’énergie : l’expansion des énergies fossiles – y compris du GNL (gaz naturel liquéfié) – est totalement incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.

Crédit Agricole prévoit des exceptions pour des activités financières pourtant clés

Le groupe Crédit Agricole, c’est aussi sa filiale de gestion d’actifs Amundi, première en Europe et à l’impact climatique colossal. Pourtant, la banque nous explique que les mesures concrètes de cette politique pétrole et gaz ne concernent pas la gestion d’actifs pour compte de tiers.

Crédit Agricole laisse la porte ouverte au financement direct de projets pétro-gaziers destructeurs

La banque dit exclure les financements de projets “d’infrastructures strictement dédiées aux nouveaux projets d’extraction”. Cela laisse entendre qu’elle ne se privera pas de le faire pour une myriade de nouveaux projets qui ne sont pas spécifiquement reliés à un nouveau puits. C’est notamment le cas aux États-Unis, où le boom du gaz de schiste alimente un boom du GNL – dont on peut craindre qu’ils ne faiblissent pas avec le retour de Trump.

Crédit Agricole acte-t-elle la fin des émissions obligataires de producteurs d’hydrocarbures ?

Crédit Agricole s’engage à exclure les “mandats de conseil d’émissions obligataires d’entreprises impliquées dans l’exploration et la production d’hydrocarbures fossiles”. Ces termes sont ambigus, bien que probablement minutieusement choisis. En parlant seulement de “mandats de conseil”, la banque pourrait choisir de n’exclure qu’une fraction des services qu’elle offre à ces producteurs dans l’émission de leurs obligations. Elle doit dès lors clarifier la portée de cette mesure. Par ailleurs, Crédit Agricole précise que cette exclusion ne concerne pas les obligations vertes ou les “sustainability-linked bonds”, ces derniers étant pourtant largement critiqués pour leur greenwashing. Finalement, les activités de prêts ne sont dans tous les cas pas couvertes par cette mesure, bien que représentant une majorité des soutiens financiers de la banque à l’industrie des énergies fossiles.

Crédit Agricole ne renonce pas à l’expansion des énergies fossiles

Cette nouvelle politique, criblée de lacunes, est bien loin de sonner la fin des soutiens de Crédit Agricole aux entreprises publiques et privées qui développent des projets de pétrole et gaz, en dépit de l’urgence climatique et au prix de violations des droits humains. Elle a pourtant une responsabilité lourde et historique dans les changements climatiques : rien qu’entre 2021 et 2023, Crédit Agricole a accordé 17 milliards de dollars de financements à l’expansion des énergies fossiles 2.

Crédit Agricole fait toujours l’impasse sur le projet gazier Mozambique LNG de Total

La banque est pointée du doigt pour son soutien aux activités gazières de Total au Mozambique, liées à de lourdes conséquences sur l’environnement et à de graves violations des droits humains – et ce avant même que le projet Mozambique LNG ait été construit. Une enquête publiée dans Politico a encore récemment révélé un massacre de civils, qui aurait été commis par des soldats mozambicains sur le site de Total 3. Crédit Agricole, qui doit se prononcer sur la relance de ce projet hautement controversé, refuse à ce jour de s’en distancer.

Notes
2

“Les banques françaises ne tournent pas la page de l’expansion fossile” : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/les-banques-francaises-ne-tournent-pas-la-page-de-lexpansion-fossile/

3

“Des ONG demandent l’ouverture d’une enquête officielle suite aux informations sur une série d’atrocités commises par les forces de sécurité mozambicaines sur les lieux du projet Mozambique LNG de TotalEnergies” : “https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/des-ong-demandent-louverture-dune-enquete-officielle-suite-aux-revelations-sur-une-serie-datrocites-commises-par-les-forces-de-securite-mozambicaines-sur-les-lieux-du-projet-mozamb/