BNP Paribas et climat : un pas dans la bonne direction
Les Amis de la Terre France saluent les nouvelles mesures annoncées aujourd’hui par BNP Paribas en faveur de la réduction des soutiens financiers aux énergies fossiles non conventionnelles - sables bitumineux, gaz de schiste et forage en Arctique.
C’est une bonne nouvelle pour le climat. Aujourd’hui, BNP Paribas a annoncé la réduction des soutiens financiers aux énergies fossiles non conventionnelles – c’est à dire les sables bitumineux, gaz de schiste et forage en Arctique. Bien que la vigilance s’impose tant les zones d’ombre sont nombreuses, nous encourageons les autres banques françaises à mettre un terme à leurs financements aux énergies fossiles extrêmes et à renoncer aux projets de pipelines de sables bitumineux et de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié prévus outre-Atlantique.
BNP Paribas ne financera pas de nouveaux projets d’exploration, de production, de transport et d’exportation liés aux sables bitumineux, gaz de schiste et en Arctique, ni les entreprises qui y sont impliquées pour plus de 30% de leurs activités ;
- BNP Paribas ne financera donc ni Keystone XL et TransCanada ni Line 3 et Enbridge, ni aucun autre projet de pipeline de sables bitumineux outre-Atlantique.
- Elle ne financera pas non plus ni Texas LNG ni aucun autre terminal d’exportation de GNL ou gazoducs outre-Atlantique puisque plus de 60% de la production provient de la fracturation hydraulique, et ne financera plus les entreprises impliquées dans la construction de tels projets.
- BNP Paribas ne fournira plus aucun soutien et service financier aux entreprises exposées à plus de 30% aux sables bitumineux/ gaz de schiste (l’exposition étant calculée à partir des réserves pour les sociétés impliquées dans l’exploration et la production, et à partir du chiffre d’affaires pour les autres entreprises).
C’est une grande nouvelle pour le climat et une énorme victoire pour les groupes qui se sont mobilisés aux côtés des populations amérindiennes en première ligne des impacts des projets de sables bitumineux et de gaz de schiste outre-Atlantique, et notamment les Amis de la Terre France, ANV COP21, Alternatiba et le CSIA en France, et Save RGV from LNG, la tribu texane Esto’k Gna, RAN, BankTrack, Greenpeace USA et Divest Invest aux Etats-Unis.
BNP Paribas fait preuve d’un leadership avec ces nouvelles annonces et devance les autres banques françaises et internationales. Si l’urgence climatique imposera de prendre rapidement de nouvelles restrictions en termes de financements aux énergies fossiles, les Amis de la Terre France se tournent pour l’instant vers les autres banques françaises et les appellent à suivre et dépasser BNP Paribas.
Communiqué de presse publié à 10h le 11 octobre
BNP Paribas vient d’annoncer de nouvelles mesures de réduction de ses soutiens aux énergies fossiles non conventionnelles, sables bitumineux, gaz de schiste et forage en Arctique1 . Elles répondent en partie aux demandes adressées par les Amis de la Terre France aux banques françaises en début d’année et rappelées par la suite avec la publication et le relais de rapports de plaidoyer, ainsi que l’organisation avec leurs partenaires d’actions directes non-violentes. 2
En mai 2017, une délégation de défenseurs de l’eau et de représentants amérindiens étaient notamment en France pour rencontrer les banques françaises et leur demander lors de leurs Assemblées Générales de renoncer aux projets de pipelines de sables bitumineux, de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié prévus outre-Atlantique, et d’exclure de leurs soutiens les entreprises impliquées.
Pour Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée des Amis de la Terre France :
“De nombreuses incertitudes demeurent sur le périmètre d’application des mesures annoncées aujourd’hui et ce sont bien les détails qui permettront de juger précisément l’ambition et le sérieux de la banque à lutter contre les changements climatiques. Nous restons donc vigilants tant que la politique n’a pas été publiée. Mais dès maintenant, on peut se féliciter du travail accompli et de la mobilisation des communautés locales, associations et citoyens en France et outre-Atlantique. Malgré les zones d’ombre, nous saluons la direction suivie par la banque : l’urgence climatique requiert de renoncer à des pans toujours plus larges des énergies fossiles, et exclure les énergies fossiles non conventionnelles est bien l’étape suivante après les mesures déjà adoptées sur le charbon. Nous appelons désormais les autres banques françaises Crédit Agricole, Société générale et Natixis à suivre la voie tracée par BNP Paribas et à aller encore plus loin !”
BNP Paribas est la première banque à s’engager à ne pas vouloir financer ni des pipelines de gaz de schiste ni des terminaux méthaniers qui liquéfient et exportent principalement des gaz de schiste. Si les Amis de la Terre France regrettent qu’elle ne mette pas un terme à son mandat de conseil pour le projet de terminal Texas LNG, il est certain qu’elle ne pourra donc pas le financer. C’est un grave revers pour le projet et un véritable camouflet pour Société Générale qui considère le projet Rio Grande LNG, six fois plus gros que Texas LNG, comme favorisant la transition énergétique. Cette politique arrive également alors qu’une mobilisation internationale ne cesse d’augmenter contre 4 projets de pipelines de sables bitumineux prévus outre-Atlantique et dont la construction entraînerait des violations des droits des populations amérindiennes et une augmentation de la production de cet hydrocarbure aux impacts dévastateurs sur le climat et l’environnement.
Si BNP Paribas s’engage très clairement à ne pas financer ces projets directement, une incertitude demeure sur l’exclusion des entreprises qui les portent. Or c’est bien à travers des financements généraux à TransCanada et Enbridge que Keystone XL ou Line 3 pourraient être financés. BNP Paribas ne doit pas attendre la publication de sa politique en fin d’année pour clarifier cette position.
BNP Paribas s’engage par ailleurs à ne plus soutenir les entreprises principalement impliquées dans les secteurs des gaz de schiste et des sables bitumineux. Pour les Amis de la Terre France et leurs partenaires RAN et BankTrack, la banque doit non seulement exclure toutes les entreprises dont plus de 20% des réserves sont de sables bitumineux, mais la cohérence avec les autres engagements de la banque et avec l’urgence climatique est également d’exclure les entreprises qui continuent de développer ces secteurs, notamment par la construction de nouvelles mines, pipelines ou terminaux d’exportation.
Au niveau français : ANV-COP21, Alternatiba, CSIA