Pesticides ARNi : quels risques pour la nouvelle trouvaille de l’agrochimie ?
Les Amis de la Terre États-Unis alertent sur les risques soulevés par les pesticides inhibiteurs de gènes (ou ARNi), l'inquiétante nouvelle poule aux œufs d'or de l'industrie des biotechnologies.
Les pesticides inhibiteurs de gènes (ou ARNi), aussi appelés pesticides génétiques ou géniques1, sont la dernière trouvaille de nos apprentis sorciers des biotechnologies…. Ici, nous n’avons plus affaire à des organismes modifiés génétiquement en laboratoire, mais à la modification génétique de plantes ou d’insectes provoquée par l’épandage en pleine nature de matériel génétique !
Le matériel génétique pulvérisé (des ARNi) doit se fixer sur une séquence génétique précise, et ainsi réduire au silence un gène ciblé d’un organisme donné. Ça, c’est la théorie…
En réalité, il suffit qu’une autre séquence génétique – dans l’organisme cible ou dans tout autre organisme non-cible – soit identique ou similaire pour que le matériel génétique pulvérisé (ARNi) puisse s’y fixer et ainsi réduire accidentellement au silence un autre gène avec des conséquences inconnues. Par exemple, des études scientifiques2 montrent que 101 ARN interférents peuvent se lier à des séquences du génome de l’abeille…
Par ailleurs, quels sont les risques pour les humains exposés à ces épandages ?
Les firmes qui mettent au point ces herbicides déposent des brevets qui rendraient les propriétaires des traitements par ARNi aussi propriétaires des organismes exposés. Est-ce que tous les organismes qui ont été modifiés génétiquement par le pesticide silenceur de gène – notamment les organismes non-cibles – deviennent alors la propriété de ces firmes ? Si c’est le cas, cela constituerait une expansion massive des droits de propriété sur la nature, renforçant encore plus le pouvoir des entreprises de biotechnologie sur le système alimentaire et sur le monde naturel lui-même.
Enfin, il est également question, pour les rendre plus stables, d’encapsuler les ARNi dans des nanoparticules. Une véritable hérésie ! Au risque génétique, on y ajouterait alors les risques écologiques et sanitaires liés aux nanoparticules.
Ce rapport rédigé par les Amis de la Terre États-Unis nous apporte de nombreuses informations sur les risques de cette nouvelle application des biotechnologies.
Restons vigilants et luttons pour maintenir les biotechnologies hors de nos champs, de nos forêts et de nos assiettes !
Les pesticides à ARN : dangers d’une révolution agricole, Radio France, 15 avril 2023.
Mogren, C. L., & Lundgren, J. G. (2017). In silico identification of off-target pesticidal dsRNA binding in honey bees (Apis mellifera). PeerJ, 5, e4131.
