Pourquoi l’extrême droite n’est pas Amie de la Terre ?
Depuis de longues années, nous n’échangeons pas avec les candidats et les groupes d'extrême droite. A l’occasion des élections européennes 2019, nous précisons à nouveau les éléments qui nous amènent à refuser de nous adresser à ces mouvements.
L’extrême droite avance maintenant derrière le masque de l’écologie (comme tout le monde !), mais si certaines propositions peuvent sembler rejoindre les nôtres (circuits de proximité, relocalisation de l’économie, lutte contre les accords commerciaux transnationaux…), les motivations qui les sous-tendent sont à l’opposé de nos conceptions de sociétés ouvertes au partage et à la justice. Les propositions seules sont des pièges, ce sont les systèmes de pensées qu’il faut étudier.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, nous tirons la sonnette d’alarme pour réaffirmer notre rejet des valeurs de ces groupes, que nous considérons comme dangereuses pour la société et anti-démocratiques. Nous vivons actuellement un moment d’accélération de l’Histoire. Cet emballement peut rapidement faire basculer la société vers nos revendications ou à l’inverse vers celles du repli sur soi, de la stigmatisation de l’étranger, de la diminution de la liberté au profit de la sécurité… Certaines politiques mises en place par nos gouvernants, ainsi que les idées défendues par l’extrême droite ces dernières années, vont ainsi à l’inverse de nos valeurs et de notre vision. Le seul projet aujourd’hui à même de faire face aux crises écologiques, climatiques et sociales que nous rencontrons est un projet pour des sociétés soutenables associant justice sociale et justice environnementale. L’arrivée de Bolsonaro au Brésil, de la ligue du Nord en Italie, de Trump aux États-Unis ou encore d’Orban en Hongrie sont des signaux forts quant à la dynamique actuelle et quant aux risques que cette idéologie fait courir à la planète et aux sociétés qui l’habitent.
Nous percevons ces dernières années une dangereuse banalisation des idées d’extrême droite, petit à petit intégrées par les différents gouvernements et largement relayées voire légitimées par les médias. La multiplication des lois liberticides, les politiques xénophobes et le resserrement autoritaire actuel de l’État sont autant d’exemples. La répression des mouvements sociaux, et notamment des militants de la société civile agissant par l’action non-violente, est de plus en plus flagrante. Nous appelons le gouvernement à cesser fermement cette brutalité.
Nous observons aussi cette banalisation par la médiatisation des partis et personnalités d’extrême droite. L’association ACRIMED note ainsi que les personnalités du Rassemblement National ont été invitées 3 fois par jour en moyenne entre le 1er janvier et le 17 Mars 2019. Une inquiétante médiatisation qui donne encore plus crédit aux idées de ces partis. Elle leur fait une publicité démesurée, sans commune mesure avec le temps d’antenne accordé aux alertes de la société civile sur les crises écologiques. Fatalement, les solutions pour en sortir, qui passent par plus d’entraide et de justice sociale, sont également occultées. Si nos revendications et nos idées bénéficiaient d’un temps de parole et donc d’écoute équivalent, nous sommes certains que nous serions mieux armés pour sortir de la politique des petits pas climatiques.
Combattre l’extrême droite, c’est appeler à la boycotter ! Nous appelons à ne pas discuter avec ces partis, à rejeter et à combattre leur idées. Pour toutes les raisons exposées précédemment, les consultations et discussions que nous réaliserons se feront sans ces partis et/ou candidats car il est urgent de dé-banaliser l’extrême droite. Quand bien même un parti de cette mouvance ferait des propositions acceptables sur tel ou tel point, leur doctrine resterait dans son ensemble incompatible avec notre conception des sociétés soutenables. Nous considérons que l’extrême droite constitue une menace pour la démocratie et non pas une force de proposition.
Le conseil fédéral des Amis de la Terre France