Prix Pinocchio : Bigard, le roi du bobard ?
Mercredi dernier, les Prix Pinocchio ont fait leur rentrée pour dénoncer le greenwashing des entreprises. Focus aujourd’hui sur Bigard, nommé dans “La face cachée de ton steak” : une réalité bien différente de ce que le groupe veut nous laisser penser en se présentant comme proche de ses éleveur·euse·s.
Avec cette année un focus spécial sur l’agro-business, trois entreprises sont en lice : Yara, spécialiste des engrais chimiques, Lactalis, le leader des produits laitiers, et Bigard, le géant de la viande.
Qui est Bigard ?
Bigard est une entreprise familiale, fondée par Lucien Bigard en 1968. Aujourd’hui, c’est son fils, Jean-Paul Bigard, qui en est à la tête. D’une petite entreprise de viande implantée à Quimperlé (Finistère), cet homme d’affaires peu médiatique en a fait un mastodonte de la filière de la viande, notamment grâce au rachat effréné de ses concurrents, à la complaisance des pouvoirs publics à son égard, et au mépris de ses éleveurs et éleveuses. Le groupe Bigard est aujourd’hui leader de la filière viande en France, et numéro 1 en boeuf et numéro 3 de la filière viande en Europe.
Deux poids, deux mesures.
Le groupe Bigard a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards d’euros en 2017, et près de 100 millions d’euros de bénéfices. Le revenu moyen des éleveurs, quant à lui, ne dépasse pas le SMIC. Jean-Paul Bigard, PDG du groupe Bigard est la 168ème fortune de France avec 550 millions d’euros tandis qu’un quart des éleveurs gagne moins de 400 € par mois.
Qui de Bigard, Yara ou Lactalis présente le plus grand fossé entre sa vitrine promotionnelle et ses activités ?
Un steak qui laisse un goût amer
Le groupe Bigard est leader de la viande en France et vend deux tiers des steaks fabriqués sur le territoire. Une véritable mainmise sur la filière. Spécialiste de la concentration des abattoirs et du mal-être animal, le groupe Bigard abat aussi le droit du travail : licenciements abusifs, rachats au rabais d’entreprises fragilisées, entente avec la concurrence sur les prix…Une réalité bien loin de l’image verdoyante qu’il cultive avec ses steaks “plein air” ou “bio”.
L’opacité, un savoir-faire familial
L’opacité est également au menu du groupe, qui refuse de publier ses comptes, ce qui est totalement illégal. Seule une partie a été rendue publique suite aux pressions subies. En 2017, Maxence, l’un des deux fils du PDG, également cadres dans l’entreprise, réalise une véritable performance théâtrale en refusant de répondre aux questions des députés de l’Assemblée Nationale en audition à la Commission des Affaires Economiques. Provoquant l’ire du député Insoumis François Ruffin, comparant la scène au film culte Le Parrain.
Ça se passe près de chez vous
Il existe en France 23 abattoirs du groupe Bigard et de ses filiales, comme Charal ou Socoppa. Y en a-t-il un près de chez vous ?