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9 août 2022

Comment les plus riches alimentent le chaos climatique

Ecologie et réduction des inégalités sont les deux faces d’une même pièce. Nous ne sommes pas tous égaux dans la responsabilité collective face au chaos climatique. Ainsi, ce sont d’abord aux populations les plus riches, dont les modes de vie sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre, de transformer leurs habitudes de consommation.

Plus on est riche, plus on pollue

En 2019, les 10% les plus riches de la population mondiale étaient responsables de près de la moitié des émissions globales de gaz à effet de serre, tandis que la moitié la plus pauvre ne représentait que 12% de ces émissions1. Les pays du Nord sont de loin les principaux émetteurs, alors que ce sont en premier lieu les pays du Sud qui subissent les conséquences du dérèglement climatique (montée des eaux, destruction des récoltes, sécheresses…).

Cette tendance s’applique également en France, où les 10% des personnes les plus aisées ont une empreinte carbone 8 fois supérieure à celle des 10% les plus précaires, qui sont également les plus affectées par les conséquences du changement climatique2.

Derrière ces chiffres se cache une réalité édifiante : notre situation financière et notre empreinte carbone sont étroitement liées. Cette tendance s’intensifie d’autant plus lorsque l’on s’intéresse aux ultra-riches. En effet, les 1% les plus riches polluent 66 fois plus que les 10% les plus pauvres. Des chiffres qui s’expliquent en grande partie par des modes de vie consuméristes (donc très polluants), dont les ultra-riches sont bien souvent les champions3.

Un mode de vie insoutenable mais protégé

Une politique climatique juste et équitable devrait tout d’abord s’appliquer aux riches et ultra-riches, dont les habitudes de consommation sont les plus émettrices de gaz à effet de serre. Pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre mondiales, la législation devrait donc les contraindre à transformer leur mode de vie et abandonner certaines habitudes de consommation excessive : yachts, avions privés, vastes résidences sur-équipées, voyages exotiques, et bien d’autres encore.

Pourtant, cette tranche de la population bénéficie de faveurs lui permettant de poursuivre ses activités polluantes au détriment du climat. En effet, les dirigeants politiques, économiques et les grands patrons de médias appartiennent très majoritairement à cette classe sociale privilégiée. Ce conflit d’intérêts implique un immobilisme structurel face aux mesures nécessaires d’un point de vue environnemental, mais qui entraveraient les intérêts privés – un phénomène par ailleurs renforcé par l’effet du lobbying agressif des industries les plus polluantes. Par exemple, lors du vote de l’interdiction de la vente des véhicules thermiques neufs d’ici 2035, les fabricants de voitures de luxe ont bénéficié d’un délai supplémentaire4. Une décision hautement symbolique qui trahit l’incapacité des dirigeants à engager une transition écologique socialement juste.

Le consumérisme, à travers l’omniprésence de la publicité, est devenu une norme culturelle érigée en objectif par les classes populaires et les classes moyennes inférieures. Ces modes de consommation façonnent les imaginaires et imprègnent toute la société, rendant désirables les activités les plus polluantes et associant l’accumulation de biens à une forme de réussite sociale.

Nous devons impérativement repenser ce narratif insoutenable, qui déresponsabilise les plus gros pollueurs et nous pousse à consommer toujours davantage.

Publication
Moins, c'est mieux : la sobriété, nécessaire, juste et heureuse
Institutionnel

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Les plus riches doivent se retrousser les manches

Attribuer en priorité aux classes populaires l’effort de baisser les émissions est non seulement injuste, mais également insuffisant au regard de leur responsabilité relative dans le dérèglement climatique. Ces exhortations ont ainsi peu de chances d’être entendues et suivies. Pourtant, c’est cet argumentaire que le gouvernement et les énergéticiens mobilisent régulièrement. En pleine canicule de juillet, le gouvernement demandait ainsi aux Français·es de « couper la wifi, baisser la clim, et éteindre la lumière »5.  Dans cette même logique, en juin dernier, les patrons d’Engie, EDF et Total – entreprises qui figurent parmi les plus gros pollueurs de France – demandaient aux citoyen·nes de baisser leur consommation énergétique6. Dans le même temps, on apprenait que pour se rendre aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, avait fait le trajet depuis Paris en jet privé, consommant en moins de 2h autant qu’un·e citoyen·e français en 6 mois.

Face à cette situation, un constat s’impose de lui-même : le coût de la transition écologique doit d’abord être assumé par les populations les plus riches qui sont les premières responsables. Les ressources ainsi dégagées doivent permettre de répondre aux besoins de tous et toutes. C’est pourquoi aux Amis de la Terre, nous défendons la mise en place de plusieurs mesures :

Les solutions existent, tout comme l’argent pour les financer. Il ne manque que la volonté politique.