Climat-Énergie
13 décembre 2016

Seule, la mobilisation ne suffit pas !

Il y a tout juste un an, des milliers de membres des Amis de la Terre, venus du monde entier, se réunissaient à Paris pour participer à la mobilisation autour de la COP21.

Cette mobilisation venait appuyer un travail de fond réalisé par notre fédération internationale dans les négociations sur le climat pour obtenir un accord ambitieux qui respecterait les peuples et les communautés déjà impactées par les effets du dérèglement climatique. Nous savions que l’accord qui serait signé à Paris ne serait pas à la hauteur des enjeux, mais nous savions aussi que cette échéance était capitale dans la construction d’un mouvement capable de renverser les rapports de force.

La bataille pour le climat est centrale. En effet, elle ne se joue qu’une seule fois. Ses conséquences sont dramatiques pour l’humanité et nous n’avons que très peu de temps pour la gagner. Cet état d’urgence climatique conditionne nos actions dans les années qui viennent. Les moyens à mettre en oeuvre ne peuvent se contenter de petites victoires en remettant à plus tard les batailles importantes. Nous devons gagner rapidement des batailles décisives dans la construction du mouvement pour la justice climatique.
Les victoires ne sont pas simples à obtenir. Elles nécessitent de construire des stratégies fines et efficaces qui requièrent un haut niveau de compétences. Les Amis de la Terre s’appuient sur bientôt 50 ans d’histoire et d’expériences. Cette légitimité se fonde sur une expertise sans faille, une capacité d’analyse et d’organisation importantes à toutes les échelles, du local à l’international, une connaissance de l’histoire des luttes, des victoires et des échecs, de la mobilisation et de la résistance…

La non-violence est inscrite dans notre charte dès l’origine en 1970. Pour nous, elle est capitale si nous voulons relever le défi qui est face à nous. Ce combat, nous ne pourrons le gagner que par la non-violence, car nous devons répondre aux aspirations de tout un chacun. Tout le monde désire être
heureux et, dans ces sociétés soutenables pour lesquelles nous nous battons, la paix est le terreau sur lequel nous voulons bâtir un autre monde. Nous parlons de batailles, de luttes, de combats, car la non-violence que nous promouvons est une non-violence active. La non-violence n’est pas la passivité. Nous ne nous résignons pas et savons que la victoire est possible.

Ces victoires, il faut les gagner à toutes les échelles. Les Amis de la Terre existent par la prise de conscience que les luttes locales ont des causes communes qui nécessitent de se fédérer au niveau régional, national et international pour peser sur leurs causes. C’est notre identité, et c’est bien partout
qu’il va falloir gagner ces victoires et transformer nos sociétés. Le logiciel que nous développons, basé sur une fine articulation entre l’expertise, la sensibilisation, le plaidoyer, la mobilisation et l’action directe non-violente allant jusqu’à la désobéissance civile, se décline à toutes ces échelles. Son déploiement passe par la formation et la capacitation de tout un chacun. C’est notre engagement et la prise de conscience de notre capacité de transformation qui sera décisive.

Seule, la mobilisation ne suffit pas. La digitalisation de nos sociétés amène des évolutions, notamment dans la communication. La généralisation des images et messages « chocs » qui sont diffusés de manière massive amène à penser que la mobilisation, à elle seule, est capable de transformer nos sociétés. Or, il n’en est rien. Des millions de clics et même des millions de personnes dans la rue ne suffiront pas pour changer le système. Cela reste des outils qui ne peuvent amener de résultats significatifs sans stratégie. De plus, nos identités digitales sont marchandisées et se transforment en modèle économique pour certains. De nombreuses organisations effectuent un travail de fond depuis des années, et sans elles, rien ne serait possible. Les Amis de la Terre ne sont pas meilleurs que les autres, mais, par leur mode de fonctionnement et leur fédération au niveau international, au nord comme au sud, ils ont un rôle essentiel à jouer. Seuls, nous ne gagnerons pas. Le mouvement que nous participons à construire est collectif, chacun avec ses envies, ses spécificités et ses compétences. Construisons des alliances solides, organisons-nous, tous ensemble, et allons remporter ces batailles historiques !

Florent Compain, Président des Amis de la Terre France