Société Générale annonce son retrait de projets polluants au Canada
C’est une bonne nouvelle pour le climat : alors qu’aux quatre coins du monde, les événements climatiques extrêmes se multiplient, Société Générale vient d’annoncer son retrait définitif de projets polluants au Canada. Cependant, la banque reste silencieuse sur son soutien à d’autres méga-projets de gaz de schiste au Texas et en Louisiane.
1. La mobilisation citoyenne porte ses fruits
Après une importante campagne de mobilisation citoyenne initiée en 2017 par Les Amis de la Terre France et ANV-COP21 1, Société Générale reconnaît l’impact climatique des hydrocarbures de schiste et s’engage à ne plus soutenir de nouveaux projets en Amérique du Nord. Elle confirme également avoir mis fin à ses soutiens en cours à deux projets prévus au Canada : Goldboro LNG et GNL Québec. 2 Une victoire d’étape importante pour le climat, qui montre que la pression des ONG et des activistes finit par payer. Lorsque les mobilisations citoyennes ont commencé pour appeler Société Générale à cesser d’appuyer ces projets, la banque osait répliquer publiquement que le gaz de schiste était une “énergie de transition nécessaire” 6. Elle est aujourd’hui sortie de son déni toxique !
2. Deux projets abandonnés au Canada
Cette annonce fait suite à une interpellation des Amis de la Terre France et Greenpeace Canada. Société Générale a ainsi confirmé avoir mis fin à son mandat de conseil pour le développement du projet de terminal d’exportation gazier GNL Québec prévu dans le fragile écosystème du fjord du Saguenay3. Alors que la très forte expansion de cette industrie en Amérique du Nord menace le climat mondial comme les populations et les écosystèmes locaux, Société Générale s’était imposée comme un acteur important du secteur.
La banque avait déjà annoncé se retirer d’un mandat similaire pour le projet canadien Goldboro LNG. Cette décision est rendue publique alors que Société Générale s’est engagée à son assemblée générale de mai 2021 à ne plus fournir de soutiens financiers dédiés aux nouveaux projets de production et d’exportation de Gaz Naturel Liquefié (= énergie fossile) en Amérique du Nord 4.
3. Une victoire en demi-teinte : pourquoi ?
Le présent engagement de Société Générale présente de profondes limites et incohérences. En particulier, il pose une exception pour les projets pour lesquels Société Générale est actuellement mandatée. Si elle a décidé de se retirer de ses mandats de conseil financier en cours pour les projets canadiens Goldboro LNG et GNL Québec, elle s’autorise au contraire à les poursuivre pour les projets états-uniens Driftwood LNG et Rio Grande LNG. 5 Société Générale peut par ailleurs encore soutenir l’expansion du secteur des hydrocarbures de schiste en alimentant les entreprises qui continuent à ouvrir de nouveaux puits et à construire de nouvelles infrastructures liées à cette énergie nocive.
Société Générale : plein gaz sur les fossiles
4. Les communautés locales déterminées contre Rio Grande LNG
5. Le gouvernement français doit agir
Les graves impacts du gaz de schiste sur le climat, la santé et les économies locales ne s’arrêtent pas à la frontière. L’hypocrisie de Société Générale serait à son sommet si elle permettait dans les prochains mois aux deux véritables bombes climatiques que sont Rio Grande LNG et Driftwood LNG d’être financées et de sortir de terre. Le gouvernement français s’est récemment opposé à la signature par Engie d’un contrat d’importation de gaz de schiste en provenance du terminal Rio Grande LNG 7. Il a également appelé tous les acteurs financiers français à sortir des pétrole et gaz non-conventionnels 8. Il ne peut plus rester muet face à la responsabilité de Société Générale.
Les Amis de la Terre France appellent le gouvernement à ne plus se contenter de vagues incitations et d’engagements volontaires à géométrie variable de la part des banques, assureurs et investisseurs. L’ONG demande une nouvelle réglementation garantissant la fin de tout nouvel investissement dans les énergies fossiles 9, à commencer par le charbon et les hydrocarbures non-conventionnels.
Déclaration de Société Générale du 8 juillet 2021
Société Générale a participé par le passé au financement d’au moins quatre terminaux d’exportation de gaz de schiste aux États-Unis : Corpus Christi LNG, Cove Point LNG, Freeport LNG, Sabine Pass LNG. Elle se distingue aussi par le fait qu’elle ne se contente pas de financer ces infrastructures, elle conseille souvent leurs promoteurs sur l’ensemble du processus de développement des projets – comme pour Sabine Pass LNG, Corpus Christi LNG, Goldboro LNG, GNL Québec, Driftwood LNG et Rio Grande LNG.
Recommandation formulée par l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport de mai 2021 pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et limiter le réchauffement à 1,5 °C.