« Soja responsable » : un label pour les OGM !
Une des innombrables victimes des épandages aériens sur les champs de soja en Argentine, au Brésil et au Paraguay. Est-ce bien responsable ? Londres, Bruxelles, Montreuil le 24 mai 2012 – En prévision de la conférence annuelle de la Table […]
Une des innombrables victimes des épandages aériens sur les champs de soja en Argentine, au Brésil et au Paraguay. Est-ce bien responsable ?
Londres, Bruxelles, Montreuil le 24 mai 2012 – En prévision de la conférence annuelle de la Table ronde sur le soja responsable qui a eu lieu à Londres [[La Conférence annuelle de la Table ronde pour un soja responsable s’est tenue les 23 et 24 mai à l’Hôtel Park Inn Heathrow à Londres.]], les Amis de la Terre ont publié une étude des premiers rapports d’audit des compagnies productrices de soja qui ont été certifiées par la « Table ronde pour un soja responsable ». Si cette certification devait apporter le moindre avantage environnemental ou social, c’est clairement un échec.
La Table ronde pour le soja responsable est un système de certification volontaire, lancé initialement en 2006. Ce système a été gravement critiqué par des organisations, partout dans le monde. Parmi ses membres on trouve des géants de l’agrobusiness comme Cargill, Monsanto ou Sainsbury’s ainsi que quelques ONG comme le WWF.
A la suite des premiers rapports d’audit, GM Freeze, les Amis de la Terre et le Corporate Europe Observer ont étudié les résultats qui confirment que cette certification n’apporte pas la moindre amélioration [[Voici le lien vers notre étude complète des 10 premiers audits, effectuée par GM Freeze, les Amis de la Terre et le Corporate European Observer :
http://www.corporateeurope.org/sites/default/files/publications/RTRS_Briefing2012_0.pdf]]. Il n’y a aucune preuve que les forêts soient protégées contre la déforestation ou que l’usage des pesticides soit réduit. On ne trouve pas non plus le moindre avantage pour les petits agriculteurs dans les zones qui ont été certifiées. Certaines petites actions charitables sont présentées comme des « relations de bon voisinage », alors que du Roundup et d’autres pesticides peuvent être épandus à moins de 30 m des maisons avoisinantes.
Pour les écologistes européens, les critères de la Table ronde pour un soja responsable ne sont qu’un écran de fumée destiné à tromper les consommateurs, tout en ne fournissant aucune solution à l’expansion galopante du soja. Ils exigent au contraire qu’au lieu de faire confiance à ce label de complaisance, les compagnies européennes trouvent des moyens de réduire l’utilisation du soja destiné à l’élevage et aux agrocarburants.
Pour Pete Riley de GM Freeze : « Les critères de la Table ronde pour le soja responsable n’apportent aucune amélioration aux impacts négatifs de la production de soja. Il suffit de respecter les lois en vigueur localement pour être certifié. Les agriculteurs peuvent donc continuer de cultiver du soja GM Roundup Ready d’une façon qui détruit les sols, l’environnement et affecte gravement les communautés locales. Cela ne correspond tout simplement pas à la définition de « responsable » qui signifie “basé sur ou caractérisé par le discernement ou l’intelligence de la réflexion” ».
Pour Nina Holland du Corporate Europe Observer : « Les supermarchés européens devraient comprendre que leurs clients ne se laisseront pas berner par ce label « Soja responsable » qui n’est que du greenwashing. S’ils prennent au sérieux la question de la durabilité, ils doivent développer des alternatives aux importations de soja comme aliments pour élevage ».
L’an dernier, la Commission européenne a accrédité la Table ronde pour le soja responsable pour la certification des agrocarburants, afin d’atteindre son objectif de 10 % d’agrocarburants. Jusqu’à maintenant aucun des audits ne montre que le soja sera certifié comme soja devant être utilisé pour les agrocarburants sur le marché européen.
Christian Berdot des Amis de la Terre France pose la question : « Comment peut-on certifier ce soja OGM qui est à l’origine de l’exode massif des populations rurales et de la destruction de millions d’hectares de forêt ? Au lieu de la combattre l’expansion du soja, ce label bidon la renforce en lui donnant un faux alibi verdâtre ».
Parmi les défauts et lacunes de la certification de la Table ronde pour le soja responsable, on notera en particulier :
– Les faibles mesures de protection des forêts qui ne datent que de 2009.
– La certification des monocultures non soutenables de soja Roundup Ready modifié génétiquement. Le soja RR dépend du glyphosate pour contrôler les mauvaises herbes et provoque une augmentation constante des volumes de pesticides utilisés afin de faire face aux herbes résistantes à ce même glyphosate.
– Les épandages aériens de glyphosate et autres pesticides qui provoquent de graves problèmes de santé pour les gens qui vivent à proximité des plantations de soja.
– Les mauvais canaux de communications avec les communautés et les paysans locaux.
– Les processus d’audit qui servent de simple chambre d’approbation de pratiques indigentes.
– Une traçabilité insatisfaisante car appliquée sur des cargaisons mélangées contenant du soja non tracé pouvant provenir des pires sources de production d’Amérique du Sud, et qui ne donne aucune garantie aux consommateurs européens quant aux méthodes de production utilisées.
Pour plus de détail sur la Table ronde pour le soja responsable, voir notre étude « Roundtable on Responsible Soya – the Certifying Smoke Screen »
Un document choc des Amis de la Terre sur le soja et ses conséquences (12mn) : “Les champs de la mort”