Et si on taxait les superprofits pour améliorer notre pouvoir de vivre ?
Alors que l’Assemblée vient de terminer d’examiner la “loi sur le pouvoir d’achat” sans répondre aux enjeux posés par la hausse des inégalités et en ne proposant que des rustines de court terme, PJC - l’Alliance écologique et sociale propose de s’attaquer aux superprofits des multinationales. Explications.
Difficultés à vivre dignement : les inégalités s’accumulent
Des millions de personnes s’appauvrissent et ont de plus en plus de mal à vivre dignement. Cette tendance s’est accentuée depuis le début de la guerre en Ukraine et les hausses de prix qu’elle a engendrées. Les prix de l’énergie et de certaines denrées alimentaires explosent, contraignant des millions de ménages à payer leur essence au prix fort et à ne pas pouvoir se nourrir correctement.
Les plus précaires sont les premiers touchés par ces hausses de prix, – leurs dépenses contraintes (pour le logement, l’alimentation et le transport) représentant une part très importante de leur budget -, alors que les salaires n’augmentent pas. Leurs conditions de vie et leur pouvoir de vivre se dégradent rapidement en cas de crise, comme c’est le cas actuellement. Il nous faut des mesures d’urgence ciblées, destinées à maintenir leur pouvoir de vivre dignement. Contrairement à ce que propose le gouvernement avec la multiplication des “chèques”, ces mesures d’urgence doivent porter une vision de long terme pour la justice sociale et donc s’attaquer aux racines de ce problème structurel.
L’argent est là
“Mais qui financera cela ?”, nous direz-vous.
L’argent nécessaire existe et il est mobilisable : ce sont les superprofits. Ceux-ci sont engrangés par des multinationales qui bénéficient de la crise sanitaire ou de la guerre en Ukraine, pendant que des millions de personnes s’appauvrissent et que les effets du changement climatique sont de plus en plus criants.
Ainsi, Total cumulait 6 milliards d’euros de bénéfices annuels en moyenne entre 2018 et 2020. En 2021, ce chiffre est monté à 16 milliards. De son côté, le groupe Carrefour a engrangé en moyenne 403 millions de bénéfices entre 2018 et 2020. En 2021, il a réalisé un bénéfice record de 1,7 milliards d’euros. La banque BNP Paribas, quant à elle, a engrangé 7,5 milliards en moyenne entre 2018 et 2020 contre près de 9.5 milliards en 2021.
En France, les 150 plus grandes entreprises ont dégagé en moyenne de 80 à 90 milliards d’euros de « superprofits » en 2021, soit des profits exceptionnels par rapport aux marges de profits en dehors des conditions de crise connues depuis 2 ans.
Face à cela, nous affirmons qu’il est légitime que ces superprofits soient mis à contribution pour soutenir les ménages qui subissent la crise et financer la transition écologique. L’effort exceptionnel face aux inégalités ne doit pas être porté par la dépense publique, alors que de nombreuses entreprises (qui portent une lourde responsabilité dans le dérèglement climatique) enregistrent des bénéfices records. Il faut taxer ces superprofits !
Investissons dans la transition et le pouvoir de vivre !
“Toutes les mesures d’urgence doivent être un accélérateur de la transition écologique et un déclencheur de mesures beaucoup plus structurelles”
Tribune de PJC – Alliance écologique et sociale
Notre proposition : mettre en place un mécanisme de taxation de ces superprofits et en affecter le produit à des mesures d’urgence, ciblées, destinées à maintenir le pouvoir de vivre des ménages les plus impactés par les hausses de prix, tout en accélérant la transition écologique.
Ainsi, d’après nos estimations, une taxe sur les superprofits à hauteur de 50 à 90% permettrait de dégager – en ciblant uniquement les entreprises du CAC 40 – un budget de 15 à 30 milliards d’euros en fonction du taux retenu.
Avec cet argent, le gouvernement pourrait apporter de nombreuses réponses immédiates aux difficultés rencontrées par les ménages. Ces mesures sociales peuvent et doivent être un accélérateur de la lutte contre le changement climatique et contribuer à un monde plus juste. Quelques exemples : une aide exceptionnelle pourrait être prévue pour les cantines et les restaurants universitaires, pour des repas à 1€ et permettant également de renforcer la mise en place des circuits courts. Le train et les autres transports en commun pourraient être rendus plus accessibles avec un tarif réduit ou forfaitaire sur tout le territoire et avec des moyens pour assurer le service. On pourrait encore imaginer une aide massive pour rattraper le retard pris dans la rénovation des bâtiments… Les solutions existent. L’argent est là. Il ne manque que la volonté politique.
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Voir l’intégralité de la tribune de PJC – l’alliance écologique et sociale sur la taxation des super-profits, publiée sur le blog de Mediapart : « Taxons les super-profits des multinationales pour redonner du pouvoir d’achat »
PJC – Alliance écologique et sociale est un collectif de 8 syndicats et associations (Les Amis de la Terre France, Attac, CGT, La Confédération paysanne, FSU, Greenpeace France, Oxfam France et Solidaires) auxquels s’ajoutent d’autres organisations signataires. Vous pouvez suivre l’actualité de PJC sur son compte Twitter : @Collectif_PJC