Témoignage : Dominique Pagès ne supporte plus son voisin, l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII
Sur nos territoires, nombreux-ses sont les militant-es qui organisent le rapport de force face à de Grands Projets Inutiles et Imposés. Courageux-ses, déterminé-e-s, soutenu-es, ils/elles nous racontent leurs luttes.
Nous avons sélectionné trois témoignages de celles et ceux qui refusent de subir l’inaction !
Dominique, peux-tu te présenter ?
Dominique Pagès, habitante d’Ivry depuis 10 ans. Je vis à 200 mètres de l’incinérateur actuel d’Ivry-Paris XIII. Cette proximité m’a incité à m’engager dans la recherche de solutions moins polluantes et donc à m’orienter vers les associations Passerelles et Collectif 3R.
Quand ce grand projet inutile est-il né ?
Le projet de reconstruction de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII date de 2004. Les élus du SYCTOM (le syndicat intercommunal de traitement des déchets de l’agglomération parisienne) ont alors décidé d’associer à l’incinérateur une unité de tri mécano-biologique (TMC). Le marché a été confié à un groupement mené par Suez-Environnement pour 2 milliards d’€. En 2009, les différentes associations locales se sont réunies en créant le Collectif 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler). Grâce à l’édition d’un bulletin et l’organisation de réunions publiques, nous informons les citoyens sur ce projet tout en proposant des alternatives.
Qui ce projet affecte-t-il ?
Habitant à 200 mètres de l’incinérateur, je suis aux premières loges pour subir les pollutions émises. Mais je suis loin d’être la seule : à moins de 300 mètres des cheminées, une école maternelle et primaire a récemment été construite et Notre Dame de Paris n’est qu’à 3 km de l’usine.
Pourquoi est-ce une « fausse bonne idée » ?
Ce projet ne va pas dans le sens de la législation actuelle : le Grenelle de l’environnement en 2009, et récemment la Loi de Transition Energétique ont permis des avancées sur la question des déchets. Aujourd’hui, le TMB (tri mécanobiologique) nous est présenté comme LA solution écologique… Je m’interroge : le compostage et l’accompagnement des citoyens ne devraient-ils pas être préférés à la construction d’une usine polluante ?
Ce projet est-il cohérent avec la nécessité de lutter contre les changements climatiques et engager une véritable transition écologique ?
Le SYCTOM incinère 80% des déchets qu’il reçoit et n’en recycle que 11%, un des taux les plus faibles de France. Nous sommes en train de faire partir en fumée des ressources dont l’humanité a déjà besoin ! Brûler les déchets, c’est s’interdire de leur redonner une seconde vie ! Sans compter que l’incinération est responsable d’émissions de gaz à effet de serre donc dope le réchauffement climatique.
As-tu connaissance d’alternatives à ce projet ?
Les associations Zéro Waste France et le Collectif 3R ont élaboré un plan alternatif, le Plan B’OM, que tous les citoyens peuvent signer sur le site www.planbom.org.
Il propose notamment la mise en place du tri sélectif des biodéchets à la source et la création d’une redevance incitative qui permettrait une diminution de 80% des ordures ménagères. Cela rendrait inutiles des projets tels que celui de l’incinérateur d’Ivry. Grâce à la mobilisation citoyenne, le tonnage des ordures ménagères diminue chaque année depuis le début des années 2 000. Le projet d’Ivry-Paris XIII est donc surdimensionné et pour justifier son investissement, il deviendra un frein à la politique de réduction et de recyclage.
D’ailleurs, quelles sont tes envies pour l’avenir ?
J’ai le ferme espoir qu’une prise de conscience ait lieu chez les citoyens et qu’ils se mobilisent pour faire cesser ce type de projet inutile et polluant. Récemment à Romainville (93), la mobilisation citoyenne, portée par l’association Arivem, a réussi à faire stopper un projet de TMB. Ensemble, nous devons insister auprès des élus pour que le Plan B’OM soit examiné sérieusement par les experts du SYCTOM !
Dominique Pagès
POUR EN SAVOIR PLUS : Le site web du Plan B’OM