Victoire ! La France ne soutiendra plus de projets d’énergies fossiles à l’étranger
Dès le 1er janvier 2023, l’État français mettra fin à ses financements aux projets d’énergies fossiles à l'étranger. Cette avancée décisive pour le climat a été annoncée hier en Conseil des ministres, dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2023.
Grâce à la pression des ONGs et notamment des Amis de la Terre, la France cessera enfin ses soutiens financiers aux projets de pétrole et gaz, et ce pour l’ensemble de la chaîne de production (depuis l’exploration jusqu’au raffinage, sans oublier le transport et le stockage) !
En octobre 2020, la France avait annoncé la fin de ces aides (sous forme de garanties à l’export) d’ici 2025 pour les projets pétroliers et 2035 pour les projets gaziers, des échéances beaucoup trop tardives pour espérer maintenir des conditions vivables pour l’humain et les écosystèmes. Sous la pression des associations et grâce à un intense travail de plaidoyer, c’est finalement dès 2023 que la France cessera ses soutiens aux projets d’hydrocarbures (charbon, pétrole et gaz).
Les garanties à l’export, en bref
La garantie à l’export est un mécanisme permettant à l’État français de se poser comme assureur d’entreprises françaises, afin de leur faciliter l’obtention de prêts par des banques. Ce montage financier est notamment utilisé pour des prêts aux montants conséquents et pour des projets envisagés dans des pays au contexte économique ou géopolitique instable. Ainsi, en cas d’incident mettant à mal le projet ou la bonne exécution de son remboursement, c’est l’État – autrement dit, le contribuable – qui doit rembourser le prêt. Entre 2009 et 2019, ce sont 9,3 milliards d’euros de garanties export qui avaient été accordés par la France à des projets d’énergies fossiles catastrophiques pour le climat, la biodiversité et les droits humains, comme en Arctique russe et au Mozambique.
Une victoire majeure après 3 ans de travail acharné
Cette annonce est une avancée de taille, lorsque l’on sait que l’arrêt de la production d’énergies fossiles est une condition sine qua non d’un réchauffement global limité à 1,5°C. Désormais, les autres pays doivent se mettre au pas et suivre l’exemple, en s’engageant eux aussi pour le climat et pour la fin des hydrocarbures. Alors que la France avait pourtant traîné des pieds pour prendre de vrais engagements lors de la COP26, c’est un signal fort qui est aujourd’hui envoyé à la communauté internationale, mais aussi aux institutions financières privées et notamment aux banques françaises – qui, rappelons-le, ont versé 350 milliards de dollars aux énergies fossiles entre 2016 et 2021.
Il y a 3 ans @EmmanuelMacron voulait continuer à subventionner les projets de pétrole, gaz et charbon à l'étranger.
Avec d'autres associations, nous avons bataillé sans relâche pour obtenir la fin de ces financements.
Aujourd'hui nous avons gagné 🙌https://t.co/NuUvN75WXF https://t.co/6lVX9jaoUv
— Les Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) September 26, 2022
Le combat continue
Dans le PLF 2023 présenté hier, l’interdiction des soutiens financiers publics ne concerne pas les centrales de production électrique à base de gaz ou pétrole. Or, ces technologies sont tout aussi néfastes pour le climat.
« Investir aujourd’hui dans ce type d’infrastructure, c’est verrouiller les pays en développement dans la consommation de pétrole et de gaz pour des années. »
Les centrales de production électrique à base de gaz ou pétrole sont, comme le charbon, très dangereuses pour le climat. En particulier, le gaz est composé de méthane, un gaz au pouvoir réchauffant bien plus puissant que le CO2, et qui fuit dans l’atmosphère au moment de l’extraction, du transport et de l’utilisation du gaz.
De tels choix retardent l’investissement de capitaux dans de vraies solutions, telles que l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables (au potentiel prometteur et déjà largement compétitives) et le choix de la sobriété.
Nous travaillons dès maintenant sur une proposition d’amendement au PLF, afin que la fin des financements publics couvre également les centrales de production électrique.