Victoire : la France ne soutiendra pas le mégaprojet gazier de Total en Arctique
Contraint par la mobilisation citoyenne, Emmanuel Macron et son gouvernement ne soutiendront finalement pas Arctic LNG 2, un mégaprojet gazier de Total en Arctique russe, qui prévoyait un soutien public de 700 millions d’euros.
Cette victoire est le résultat de plus d’un an d’une campagne sans relâche, menée par les ONG et citoyen·nes auprès du gouvernement et d’Emmanuel Macron face à cette aberration climatique et environnementale.1 En mai, la mobilisation avait abouti à la remise d’une pétition par les Amis de la Terre France, 350.org et Sum of us au gouvernement, réunissant plus de 240 000 personnes.
Il faut cependant rester vigilant : si cette annonce est une bonne nouvelle, la politique actuelle permet encore à l’État français de soutenir d’autres projets d’extraction et de combustion d’énergies fossiles dans le monde.
🙌Victoire ! Après 1 an de mobilisation des citoyen·nes et associations, le @gouvernementFR ne soutiendra pas le mégaprojet gazier de #Total en #Arctique #ArcticLNG2
La mobilisation porte ses fruits, merci pour votre soutien 🙏@SumOfUs_Fr @350France https://t.co/2YlM8EkmnP
— Les Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) December 1, 2021
Le retrait de la France d’un tel projet est un signal fort. Emmanuel Macron admet indirectement que continuer à extraire du gaz est problématique pour le climat et la biodiversité. Ce faisant, il désavoue sa propre politique adoptée en 2020 qui permet à la Banque Publique d’Investissement de soutenir des projets d’exploitation gazière jusqu’en 2035.
Qu’est-ce que le projet Arctic LNG2 ?
En septembre 2020, le journal Le Monde révélait que la France s’apprêtait à soutenir le méga-projet gazier de Total,2 en plein cœur d’une région qui se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète.3 Ce projet produira près de vingt millions de tonnes de gaz liquéfié par an et profitera de la fonte des glaces pour exporter sa production en Europe et en Asie par la route maritime du Nord. L’extraction d’hydrocarbures et la construction des infrastructures associées dans un écosystème aussi fragile ont également de graves conséquences pour le climat et la biodiversité.
Cette semaine, Total a annoncé que l’ensemble des financements nécessaires au projet avait été levé.4 Alors que le gouvernement entretient le flou sur sa décision depuis plus d’un an, cette décision n’est pas anodine.
Ce que dit la science
Selon l’Agence internationale de l’énergie, plus aucun investissement ne doit aller à de nouveaux projets d’hydrocarbures, y compris le gaz fossile.5 Pour envisager le moins pire des scénarios du GIEC et ne pas dépasser une hausse globale des températures de 1,5°C, il faut impérativement laisser les hydrocarbures là où ils se trouvent, dans le sol.
La politique de la France en matière de soutien aux énergies fossiles
Lors de la COP26, la France s’est engagée aux côtés de 38 pays et institutions à cesser les soutiens aux projets d’énergie fossile, avec des exceptions. L’efficacité de cette déclaration historique dépendra de la rigueur de sa mise en œuvre.6 Le gouvernement doit suivre l’exemple du Royaume-Uni, qui a déjà mis fin aux crédits export aux projets d’hydrocarbures, et mettre en place un plan de transition du secteur parapétrolier et de reconversion pour ses salariés.
“La France pourrait soutenir un gigantesque projet gazier dans l’Arctique russe”, Le Monde, 2 septembre 2020.
“Arctic Climate Change Update 2021”, Arctic Monitoring and Assessment Programme (AMAP), 2021.
Confirmation Total levée de fonds “Russia’s Arctic LNG 2 agrees loans worth 9,5 billion euros”, Reuters, 30 novembre 2021.
“Net Zero by 2050”, International Energy Agency, mai 2021.