Vieillissement des centrales nucléaires et sécurité
Un excellent dossier des Amis de la Terre Belgique, réalisé avec plusieurs autres associations belges et intitulé Vieillissement des centrales nucléaires et sécurité - Les dangers de la prolongation de la durée de vie des réacteurs belges, est accessible en cliquant ICI
Bien qu’il date de 2006, ce document reste plus que jamais d’actualité.
NB : Les dangers sont bien évidemment les mêmes pour les centrales nucléaires françaises, d’autant que leur technologie à eau sous pression est identique à celle de nos voisines belges !
Présentation du dossier
En 2003, à l’issue de longs débats, le gouvernement fédéral décidait de fermer progressivement les sept réacteurs nucléaires belges au terme de quarante années de fonctionnement (soit entre 2015 et 2025). Une telle durée de fonctionnement paraît très longue lorsqu’on sait qu’au niveau mondial, 107 réacteurs au total ont déjà été arrêtés et que l’âge moyen de ceux-ci au moment de leur fermeture était de 21 ans. On ne dispose donc à l’heure actuelle que d’une expérience très réduite en matière d’exploitation de réacteurs commerciaux de grande puissance dont la durée de fonctionnement avoisine ou dépasse les quatre décennies.
Malgré tout, le lobby nucléaire continue à se battre bec et ongles contre cette décision de fermeture, et certaines voix s’élèvent même pour réclamer une extension de la durée de vie des réacteurs jusqu’à… 60 ans ! Plusieurs associations
se sont penchées, dans ce dossier, sur les implications en matière de sécurité des installations nucléaires belges suite au phénomène inexorable de vieillissement des matériaux et sur les dangers que pourrait représenter une prolongation de leur durée de fonctionnement.
Les conséquences du vieillissement des centrales nucléaires sont doubles. D’une part, on y constate un accroissement du nombre d’incidents tels que petites fuites, fissures ou courts-circuits. C’est le cas dans les centrales belges, comme le révèlent des rapports de l’organisme de contrôle indépendant, l’Association Vinçotte Nucléaire.
D’autre part, plus préoccupant encore est l’affaiblissement graduel des matériaux des réacteurs. Des problèmes de fissures peuvent ainsi apparaître dans les couvercles de la cuve de réacteur. Ce problème a été notamment identifié dans des réacteurs en France, Suède et Suisse ; l’exemple le plus préoccupant en date étant celui du réacteur DavisBesse, aux États-Unis, où des fissures n’ont été découvertes
qu’après une dizaine d’années, malgré les inspections visuelles. Le déchirement de la dernière protection, la membrane en acier inoxydable, aurait pu ouvrir une brèche susceptible d’entraîner des problèmes très graves comme la perte en eau du réacteur, l’éjection d’une partie des barres de contrôle ou leur perte de fonction. Il n’est pas difficile d’imaginer l’impact d’une fragilisation pouvant provoquer des émissions importantes de radioactivité à la centrale de Tihange, située à proximité d’agglomérations importantes comme Liège, Namur, Charleroi et Bruxelles.
La conclusion principale de ce dossier est que face à l’impact potentiel d’un accident nucléaire, nous ne pouvons prendre de risque supplémentaire. Une fois que les réacteurs ont atteint le cap d’une vingtaine d’années de fonctionnement, le risque d’accident nucléaire augmente chaque année de manière significative. Si une prolongation de la durée de fonctionnement des réacteurs apparaît comme une perspective financière très intéressante pour l’opérateur nucléaire, les risques pour l’ensemble de la population deviennent tels que cette option n’est pas acceptable
pour la société.